Prostitution de mineures : « elles sont passées de main en main », deux proxénètes condamnés. Me SZAFRAN obtient sa relaxe
21 mars2024
Deux condamnations et une relaxe. Mardi 19 mars, le tribunal de Valenciennes a rendu son délibéré. Trois hommes avaient été jugés, un mois plus tôt, pour proxénétisme aggravé de mineures. Les adolescentes avaient fugué de la structure où elles étaient placées
La Voix du Nord - Catherine Bouteille Publié: 21 Mars 2024 à 08h00
Les noms de ces adolescentes que l’on aurait dû voir sur le banc des parties civiles du tribunal de Valenciennes, on les avait déjà entendues il y a un an. L’une d’elles avait fugué de la Maison d’enfants à caractère social (MECS) où elle était placée. Lors de leur enquête pour disparition inquiétante, les gendarmes avaient découvert qu’elle se prostituait. Quatre proxénètes avaient alors été condamnés. En recoupant la procédure avec des enquêtes de police, trois autres noms sont apparus. Ces derniers devaient répondre, à leur tour, de proxénétisme aggravé de mineures.
« C’est pas parce que je savais qu’elles tapinaient qu’elles le faisaient pour moi ! »
« On est sur des victimes qui sont passées de main en main. Elles se sont livrées à la prostitution, c’est une certitude. Oui elles sont victimes, concède Me Guilleminot, le conseil de Kyllian Sniegogki, l’un des prévenus. Mais savoir qui les a gérées, c’est une tout autre question ! » Face aux magistrats, son client reconnaît qu’il a bien loué des chambres d’hôtel et un appartement à Anzin. Celui que les adolescentes surnommaient « le pigeon » leur a aussi ramené de la nourriture et des préservatifs. « Mais c’est pas parce que je savais qu’elles tapinaient qu’elles le faisaient pour moi », lance le jeune homme. « Même si vous n’avez rien touché, vous avez favorisé de la prostitution. C’est ça le délit de proxénétisme ! », tente de lui faire comprendre la présidente Laurence Gosteau.
Le jeune homme qui a sous-loué son appartement pendant huit jours aux victimes devait répondre des mêmes griefs. « Si j’avais su ce qui s’y passait, je ne l’aurai pas fait. » Mais alors pourquoi a-t-il eu, durant cette période, 48 échanges téléphoniques avec S.M. celui qui est « le plus mis en cause » par les adolescentes ? Interrogé à son tour, il affirme qu’elles « mentent, je ne sais pas pourquoi ». Pourquoi l’une d’elles a son prénom comme mot de passe de téléphone ? « Peut-être qu’elle a juste pensé à moi. » Et l’adresse IP de son ancien bar à chicha qui a servi à diffuser les annonces des jeunes filles ? « J’étais même pas à Valenciennes à ce moment-là ! »
L’un des prévenus a été relaxé
Le parquet a requis trois ans de prison à l’encontre de chacun. « La même peine pour tous car ceux qui s’exposent le moins aux risques sont les plus impliqués. » Pour ce qui est du loueur, « on n’a jamais eu le début d’une once de preuve qu’il a loué l’appartement en connaissance de cause pour une activité de prostitution » : Me Szafran a obtenu sa relaxe. « Si vous vous connectez au wifi d’un hôtel, c’est l’adresse de l’établissement qui apparaît ! L’accusation n’a pas la preuve de la culpabilité de mon client », a plaidé Me Legrand. La peine de S.M. a finalement été ramenée à un an de prison aménageable. Me Guilleminot a lui insisté sur le fait que Kyllian Sniegogki ne savait pas que les victimes étaient mineures. « Trois ans de prison pour un pigeon, c’est cher payé ! » Le jeune homme sera maintenu en détention durant un an.